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Quand la cosmétique naturelle pêche par excès de confiance !


Il y a encore quelques jours, je papotais sur Twitter à propos de la perception des cosmétiques naturels aujourd'hui.

Il y avait d'abord le fait que bien souvent, une remarque revienne : "J'aimerais me tourner vers des produits plus sains, mais passer du temps à analyser les compositions me fatigue d'avance."

Je me suis spontanément demandée quel était ce paradoxe, étant donné que bien souvent, on ne passe pas beaucoup de temps (euphémisme) à analyser les compositions des produits conventionnels, alors pourquoi commencer à le faire de façon obsessionnelle avec des produits naturels ?


Sans doute parce qu'on cherche alors à comprendre ce qu'on souhaite changer. Soit. Sans doute aussi parce qu'on est instinctivement bien plus exigeant quand on s'intéresse à des produits naturels. "Va t-il me convenir ?" "Vais-je encore être déçue ?" "Est-il vraiment naturel ?" "Est-ce que je ne paie pas plus cher pour un produit qui n'est pas vraiment naturel ?"... Soit. Sans doute encore parce que tant qu'à améliorer les choses, autant le faire de façon très pointue. Soit. Mais il y a aussi je pense, une interrogation sous-jacente et souvent inconsciente qui pourrait expliquer toutes ces questions évoquées : "Naturel, ok, mais est-ce vraiment efficace du coup ?". Et c'est là, de mon point de vue, tout le départ des questions évoquées précédemment. Car il parait indéniable que la cosmétique naturelle est souvent placée à l'opposé de la science, de la technologie, de tout ce qui est scientifiquement prouvé (par des études, des brevets, des innovations, des découvertes, etc...). Ecologique oui, sain oui, éthique oui, mais efficace... on n'y croit qu'à moitié, voire moins... La cosmétique naturelle n'est pas parfaite, elle n'est même pas gage d'efficacité assurée. Beaucoup de produits à la formule irréprochable ne sont pas efficaces. Mais de quoi souffre précisément la cosmétique naturelle ? De beaucoup de choses, mais sans doute pas fondamentalement d'efficacité, car l'efficacité est toujours conditionnée par plusieurs facteurs. Vient alors la question : "la cosmétique naturelle ne pêche t-elle pas par excès de confiance ?" Pour vous donner une image de ce qui va suivre, comment accuser une tisane de verveine de ne pas nous détendre, si on se contente de se l'appliquer sur le visage ? Encore faudrait-il la boire... Cela pourrait résumer toute la question de l'efficacité en cosmétique naturelle, mais vous allez le voir, ce n'est pas aussi simple... mais tout d'abord, 2 fait établis :

- La nature brute est le fondement de toute substance active

Commençons donc par ce point irréfutable qui n'est pourtant pas si évident dans les esprits. On l'a souvent oublié, mais tous les médicaments que l'on prend, toutes les substances ayant une activité indéniable, sont issus à l'origine directement de la nature ! L'acide acétylsalicylique est la substance active d'un médicament parmi les plus consommés au monde, anti-douleur, anti-inflammatoire et antipyrétique (fièvre), connu sous le nom Aspirine. L'acide acétylsalicylique a été isolé pour la première fois dans l'écorce du saule. La quinine est la substance active de médicaments antipaludiques, extraite de l'écorce d'un arbuste nommé quinquina. Côté cosmétique, des substances très populaires ces dernières années ont également leur source dans la nature. Et c'est spécialement vrai pour les molécules à revendication anti-âge, autrement dit, là où l'on en attend particulièrement beaucoup question efficacité. L'acide hyaluronique a été extrait des crêtes de coq. Le rétinol est synthétisé à partir de l'isoprène, lui même isolé à partir de la décomposition thermique du caoutchouc naturel. Le collagène a été extrait de cartilages de porcs ou de la peau du thon. La coenzyme Q10 est obtenue par fermentation de la levure. Quelques exemples parmi tant et tant d'autres. Toutes ces molécules ont depuis été synthétisées pour être produites à l'échelle industrielle. On arrive donc aujourd'hui à reproduire des molécules dont l'action est identique à la substance naturelle.

- Une substance naturelle en cache toujours une autre.

Et c'est là la grande différence avec les substances synthétiques. L'actif "quinine" contenu dans l'écorce du quinquina n'est pas le seul actif de cette plante ! Il contient aussi des polyphénols antioxydants et des saponosides qui agissent sur le système digestif. Cet effet se retrouve souvent dans les huiles essentielles qui comprennent une multitude de molécules qui agissent en synergie et dont on ne retrouve pas exactement les propriétés dans les molécules isolées. Ainsi, bien plus de personnes sont sensibles au Linalol, composé aromatique principal de l'huile essentielle de lavande qu'à l'huile essentielle de lavande, aux même doses de Linalol ! Une plante est une matière globale créée par la nature, qui en a fait un complexe inimitable. On peut isoler les composants actifs, les synthétiser, les combiner, mais on n'arrivera jamais à reproduire le complexe global de la plante d'origine. Autrement dit, on a réussi à faire des robots qui marchent, parlent, mangent, réfléchissent même plus vite que les humains, mais aucun être humain véritable n'est encore sorti tout fait d'un laboratoire... Pour un même actif, un extrait naturel sera toujours plus complet et mieux assimilé par le corps que des molécules isolées. On ne peut simplement pas dans ces conditions, prétendre que les substances naturelles sont inefficaces. Mais où se situe alors la subtilité ?

1/ La question de l'activité

Je suis moi-même plus que persuadée de l'action indéniable des plantes, des minéraux, des substances naturelles. Il n'empêche que lors du choix des matières actives, j'analyse toujours avec un œil très critique tous les ingrédients qui me sont présentés par les fabricants. Et particulièrement les extraits et dérivés. Pourquoi ? Je pars toujours du principe qu'une substance naturelle active doit être objectivée. Autrement dit, la substance active pure doit être titrée dans l'extrait (en pourcentage). Pour un extrait d'écorce de saule par exemple, la teneur en salicyline (anti-inflammatoire) est importante. Je parle là d'actifs purs pour lesquels on attend une action concrète, pas d'excipients ou additifs. Quand on utilise une eau florale de rose (faible teneur en essence de rose) comme tonique du visage, on ne s'attend pas à ce que ses rides ou sa peau distendue disparaissent... Or bien souvent, étant donné que tout le monde est d'accord sur le fait que l'huile essentielle de rose a des vertus raffermissantes et lissantes, on pense à tort qu'en incluant de l'eau florale de rose dans une crème, cette crème aura les même vertus. Ca ne marche pas comme ça. - Encore faudrait-il que cette eau florale contiennent assez de substance active d'essence de rose. Or ce taux varie beaucoup selon le fabricant, la plante, les conditions de fabrication... - Encore faudrait-il que cette eau florale soit de qualité (taux élevé d'huile essentielle). D'où l'importance de connaître le taux d'actif dans un extrait. Bien souvent, ces question essentielles sont occultées en cosmétique naturelle. Or un actif (naturel ou non) doit être présent de façon certaine et constante pour avoir une action. On en revient à notre tisane de verveine. Les propriétés de la verveine sont réelles, mais si boit une tisane qui ne contient que très peu de verbénaline (substance active de la verveine), aucune chance d'avoir une action relaxante... Voilà aussi pourquoi je préfère d'une manière générale les extraits aux eaux florales quand il est question d'avoir un effet actif. Car quasiment aucune eau florale n'est titrée en actif, alors que pratiquement tous les extraits indiquent le pourcentage de matière active.

2/ La question du dosage

Ce qui m'a le plus frappée quand j'ai commencé à m'intéresser aux ingrédients naturels proposés sur le marché sont les recommandations de dosage des fabricants. Déjà entre 2 fabricants les doses recommandées vont du simple au double, ensuite sur certaines subtances que je connaissais ou utilisait déjà, je me demandais comment on pouvait prétendre à une action quelconque avec ces dosages homéopathiques...

Cosmétique naturelle

Sachez que certains ingrédients sont actifs à petite dose, ce n'est pas le cas de tous. Or la plupart des actifs naturels sont vendus en tant qu'arguments marketing. Utilisés à très petite dose, souvent en dessous des doses d'action. Jusque là rien de dommage ni d'étonnant. Mais quand on sait qu'en augmentant ces doses insignifiantes on obtiendrait une réelle efficacité, on ne peut que le regretter. Deux facteurs expliquent ceci : le prix des matières naturelles d'une part (logique), même si ce facteur n'est toujours celui qui est pris en compte. Mais surtout la tendance répandue de vendre non pas un produit efficace, mais un concept efficace (illogique). Parce que l'action réelle d'un produit est sensée passer après l'imaginaire qu'incarne ce produit. Certes, on a toutes envie que nos produits de beauté nous fassent rêver et nous plaisent, mais cela doit être un plus par rapport à la qualité de la formulation et non pas l'un au détriment de l'autre ! Ainsi il serait logique d'introduire de l'extrait de camomille à 10% dans un produit de soin parce qu'elle aura une action apaisante, beaucoup moins de l'introduire à 1% juste parce que la camomille est une jolie fleur blanche que tout le monde trouve sympa... d'autant que rien n'empêche dans les 2 cas de trouver la fleur sympa... Résultat des courses, pratiquement tout le monde se contente d'écouter le beau discours marketing des fabricants d'ingrédients et de suivre leurs recommandations à la lettre... Sachez-le, vous n'êtes pas les seuls à qui on vend du rêve, on a la même chose côté industrie :) Parfois, on va même jusqu'à simplement recopier et reproduire les exemples de formules que proposent les fabricants (ils ont en toujours une dizaine par ingrédient). Vous est-il déjà arrivé de retrouver 2 produits à la formule identique dans le commerce ?. Oups ! On a un actif qui vend du rêve, il apparait dans l'INCI, on peut construire notre petite histoire autour de lui, tout est parfait ! Est-il efficace à ce dosage ? Qu'importe, on verra bien ! Vive la camomille ! Par exemple pour l'acide salicylique : Utiliser 1% d'acide salicylique synthétique donne un dosage de 1% d'acide salicylique pur. Utiliser 10% d'extrait de saule contenant 10% d'acide salicylique donne un dosage de 1% d'acide salicylique pur. Le dosage de la substance active est le même. Mais si on n'utilise que 5% d'extrait de saule, on tombe à 0,5% d'acide salicylique pur... L'acide salicylique naturel n'est pas moins efficace que l'acide salicylique synthétique, simplement, si on ne connait pas sa teneur dans l'extrait de saule pour l'adapter, c'est peine perdue ! On voit ici clairement que la cosmétique naturelle tombe souvent dans le même piège que la cosmétique conventionnelle. Mais cet effet est encore plus exacerbé en cosmétique naturelle, car toutes les matières chimiques sont titrées à l'inverse des matières naturelles. Les produits conventionnels contiennent très souvent des substances actives pures alors qu'au naturel, on va utiliser des extraits contenant cette substance active. Il est donc vital d'adapter les dosages pour avoir une action réelle dans le produit fini. Et de savoir parfois simplement changer de forme quand on voit que la substance naturelle a ses limites. Voilà pourquoi j'applique toujours 3 critères dans le choix des ingrédients actifs : innocuité/écologie/efficacité. Du moment que l'ingrédient respecte ces critères, je ne fais pas de distinction entre synthétique et naturel. Si je n'ai aucune chance d'avoir 1% d'acide salicylique dans ma crème avec un extrait de saule, je n'hésite pas à choisir la version synthétique de l'acide salicylique dosée à 1%. L'acide salicylique synthétique par ailleurs n'étant ni polluant, ni dangereux pour la santé, simplement il n'est pas issu de l'extrait de saule mais synthétisé en laboratoire. Un des péché de la cosmétique naturelle est aussi la rigidité psychologique, qui va souvent à l'encontre de l'efficacité.  On peut utiliser une plante, un extrait pour son odeur, pour sa couleur, pour sa beauté, c'est très bien. Mais quand on cherche à revendiquer une efficacité de cette plante, autant le faire jusqu'au bout ! Quand la cosmétique conventionnelle utilise des ingrédients naturels pour faire joli, elle veille à ce que d'autres ingrédients chimiques fassent le boulot derrière. Que la cosmétique naturelle utilise certains ingrédients à titre "marketing" n'est pas en soi un problème, mais il faut alors penser à utiliser aussi un ingrédient actif (naturel) derrière ! Car si on n'utilise que des ingrédients pour le marketing, quel autre est sensé faire le boulot ? L'effet placébo ?

3/La question de la stabilité

La plupart des actifs (naturels ou non) sont très fragiles et peuvent voir leur efficacité fortement diminuée ou carrément annulée s'il ne sont pas stabilisés dans la formule. D'où l'intérêt de la galénique ! La cosmétique conventionnelle n'hésite pas recourir à des solvants, aditifs, favorisateurs de pénétration toxiques pour arriver à stabiliser/solubiliser/véhiculer un actif dans un produit. Hors de question d'utiliser ces acrylates, PEG et autres Triéthanolamine en cosmétique naturelle ! Faut-il alors simplement inclure des actifs tout en sachant (ou  plutôt ne sachant pas) qu'ils seront totalement inactifs en 1 heure ou en quelques jours ? Il y a pourtant 2 options possibles en cosmétique naturelle : l'encapsulation (isoler l'actif du reste de la formule pour conserver son efficacité jusqu'à l'utilisation) ou plus simplement encore, l'adaptation de la galénique. C'est ainsi que certaines marques de cosmétique naturelle proposent des produits à la forme très originale (poudres, huiles, pâtes), qui ont souvent pour but de ne pas dénaturer les actifs et n'enlèvent rien au côté plaisant, bien au contraire. L'autre question de la stabilité est la mise en œuvre des ingrédients. Les actifs sont souvent fragiles, une température inadaptée, une combinaison avec un autre ingrédient peut annuler ses effets. Or bien souvent, rien qu'en regardant une formule de l'extérieur, on sait d'avance que l'actif ne peut pas fonctionner. Et bien souvent, cela concerne des produits et ingrédients naturels. Sachez-le, la plupart des enzymes naturelles végétales (papaïne, poudre d'ananas) qu'on vend souvent dans des produits exfoliants naturels sous forme de crèmes sont totalement inactives ! Et contrairement à la cosmétique conventionnelle, il n'y a pas d'autre actif efficace rajouté pour faire le boulot d'exfoliation. Autrement dit, le produit est absolument inefficace quand il arrive dans votre salle de bain. Encore un autre péché de la cosmétique naturelle : le fait de ne pas savoir/vouloir adapter la galénique de ses produits aux actifs utilisés. On veut faire des gommages crèmes comme en cosmétique conventionnelle, en utilisant des enzymes végétales... qui n'agissent pas dans une crème. Soit on utilise aussi un autre ingrédient actif (AHA) pour avoir une action exfoliante, soit on oublie la crème et on fait... une pâte ! Et pourquoi pas ?

4/La question du véhicule

Tout actif naturel ou non, doit être mis dans des conditions qui lui permettent de fonctionner, sinon, il ne sert absolument à rien. Ce simple fait logique est presque toujours respecté dans l'industrie pharmaceutique, beaucoup moins dans l'industrie cosmétique conventionnelle, et rarement en cosmétique naturelle. Gros souci... On l'a vu dans le point précédent, la stabilité de l'actif doit être garantie, mais son véhicule ou excipient (la crème, lotion, qui contient l'actif) doit à la fois le transporter jusqu'à sa zone d'action et favoriser son action (pénétration, étalement, effet multiplicateur). Or voilà, en cosmétique naturelle, la notion de véhicule (ou excipient) est souvent secondaire, quand elle n'est pas simplement complètement oubliée. J'en ai déjà parlé dans l'article sur les huiles estérifiées, une crème bourrée d'actifs ultra-efficaces qui ne s'étale pas bien et ne pénètre pas la peau n'a aucune chance d'agir. Le choix et l'élaboration du véhicule sont tout aussi importants que les actifs même. Un actif mal solubilisé, mal stabilisé, en raison d'un véhicule non adapté ne sert à rien. Il faut soit changer de véhicule, soit changer d'actif, soit changer la galénique (forme du produit). Voilà pourquoi je ne suis pas pour une cosmétique naturelle brute et rigide. Tout le monde sait (ou pas) qu'il vaut mieux boire une tisane que de mâcher des feuilles de menthe. Bien qu'on absorbe peut-être plus de menthe en mâchant directement des feuilles, le fait d'être solubilisé dans la tisane rend la menthe plus assimilable, plus agréable et plus digeste. De même qu'il est préférable d'utiliser une lotion à l'acide hyaluronique que de se frotter le visage avec la poudre pure (aucune chance qu'elle ne pénètre ou que ce soit). Vous vous êtes déjà sans doute demandé à quoi servent des  bouts de feuilles de thé vert dispersées dans un masque visage à part vous griffer le visage... vous avez la réponse : à rien. Pardon... à faire joli.

 

En conclusion sur la cosmétique naturelle

Tout n'est finalement qu'une question de choix, or c'est plus compliqué qu'il n'y parait. Il n'est pas vrai que dans l'élaboration d'une formule naturelle, on ait toujours... le choix. D'abord il faut connaître les ingrédients naturels et leurs équivalents pour jongler entre les propriétés recherchées. Ensuite, il faut avoir accès aux matières premières utilisées dans ses produits (très souvent les formules sont fabriquées par des laboratoires qui achètent aussi les ingrédients et vendent des produits standards tout fait aux marques. Rares sont les marques (surtout petites) qui fournissent leurs propres formules et ingrédients donc à un laboratoire). Enfin, il faut pouvoir avoir la souplesse de faire son marché parmi les ingrédients existants et en choisir un autre plus adapté quand le premier ne fonctionne pas dans ce qu'on veut en faire. Or il y a plein de limites à tous ces choix :

La connaissance des ingrédients

A part les grandes marques naturelles (et encore), peu de marques peuvent s'appuyer sur une connaissance pointue des ingrédients naturels. Or la plupart des ingrédients naturels ont des propriétés équivalentes, encore faut-il les connaître et ne pas s'en remettre uniquement au discours du fabricant. Quand on sait que selon la galénique, la Papaïne peut être pleinement efficace ou complètement inefficace, on comprend mieux cette importance de connaissance des ingrédients.

La maîtrise de sa R&D

Quand on ne prépare pas soi-même son repas, il est difficile d'accuser son nouveau cuisinier d'avoir trop salé la sauce. Un fabricant d'ingrédient n'est pas le premier utilisateur de son ingrédient. Il l'a testé, fabriqué, mais c'est à l'utilisateur de se l'approprier et de l'adapter (dose) si besoin. S'en remettre uniquement au discours du fabricant pour élaborer ses formules (ou simplement reproduire des formules qu'il suggère) ne permet pas de maîtriser le critère efficacité. Comme on ne pourrait ajuster la cuisson d'un gâteau acheté à la pâtisserie, on est jamais mieux servi que par soi-même. Tant que faire se peut, il est bénéfique pour toute marque (mais surtout pour les petites et surtout en cosmétique naturelle) de choisir ses propres ingrédients et d'élaborer ses propres formules. C'est loin d'être le cas aujourd'hui, et c'est là le grand mal de la cosmétique naturelle.

La souplesse

La cosmétique naturelle ne peut pas marcher avec des œillères. Si le consommateur préfère se tourner vers  la cosmétique naturelle, c'est avant tout parce qu'il veut consommer des produits de qualité (sensoriels, efficaces), qui ne lui font pas de mal et qui respectent l'environnement. C'est aussi simple que cela et il n'y a pas d'autres raisons. Or l'industrie cosmétique naturelle elle, semble avoir ses propres critères basés sur ses propres convictions et qui bizarrement, ne rejoignent pas ceux du consommateur. Il existe aujourd'hui de très bons parfums naturels (même bio) qui n'ont rien à envier à la cosmétique conventionnelle, et pourtant, les huiles essentielles sont encore le premier (voire le seul) choix de nombreux produits.

Pour ma part, je trouve que  très peu d'huiles essentielles sentent réellement bon, je les utilise pour leurs propriétés, non pas pour leur parfum. Il existe aujourd'hui plein d'ingrédients naturels qui rendent les produits agréables, fluides, onctueux et pourtant, plein de produits ont encore des formes brutes, sans parfum, sans finesse. Je n'ai rien contre le beurre de karité pur, au contraire, mais quand il sent mauvais, est granuleux et est juste chauffé et coulé dans un pot, je me dis que si c'est l'idée qu'on se fait de la cosmétique naturelle, c'est triste... Il existe aujourd'hui plein d'ingrédients naturels issus de la technologie qui sont une avancée certaine en cosmétique naturelle, mais que soit les industriels n'utilisent jamais, soit les labels bio leur interdit d'utiliser. C'est là mon principal point de désaccord avec la plupart des labels bio.Pour le fait d'interdire des actifs du type Panthenol ou Urée qui sont efficaces, totalement sans danger mais refusés simplement parce qu'ils sont... synthétiques.

Pour le fait d'exiger une concentration très haute d'huiles végétales pures dans un produit sous prétexte que les huiles estérifiées doivent être très minoritaires. Alors qu'elles sont écologiques, saines et favorisent la pénétration des actifs. Pour le fait d'exiger une concentration de 10% d'ingrédients biologiques dans un produit alors qu'on sait que ces 10% seront presque toujours des eaux florales dont l'action réelle dans le produit est douteuse.Sur le plan de la souplesse, les industriels se mettent souvent des barrières tout seuls, mais quand ils ne le font pas, ce sont les labels bio qui s'en chargent, en se basant sur des critères parfois incohérents pour limiter certains ingrédients... ou en autoriser d'autres plus douteux...

La cosmétique naturelle côté industrie a beaucoup évolué, les possibilités sont là, les ingrédients aussi. Mais la cosmétique naturelle pêche par excès de confiance.

Confiance aveugle dans les ingrédients naturels qui consiste à penser que du moment qu'il y a plein d'ingrédients naturels dans un produit, il est efficace. On a vu que c'est faux.

Confiance aveugle dans les actifs naturels qui consiste à penser qu'un actif naturel est forcément actif quelles que soient les conditions.

Confiance aveugle dans le discours des fabricants qui consiste à suivre à la lettre certaines recommandations sans se demander si l'ingrédient est vraiment actif à ce dosage/sous cette forme. Les fabricants disent souvent des choses vraies, ce qui n'empêche pas de les vérifier soi-même, car il y a souvent des surprises aussi.

Confiance aveugle dans le marché enfin, qui consiste à croire que du moment qu'un produit est naturel, le consommateur ne peut pas en attendre une efficacité/sensorialité/formulation comparable à la cosmétique conventionnelle.

Car en l'état actuel des choses, difficile de donner tort à la plupart des consommateurs qui pensent encore que "la cosmétique naturelle, c'est bon pour la planète et pour le corps, pour l'efficacité et la sensorialité, on repassera."

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5 commentaires Laisser un commentaire
RépondreNass - 22/04/2016

Bonjour je viens de découvrir votre blog et j’aimerais passer au naturel et bio mais alors la je suis complètement perdu comment faire pour commencer si même dans les produits naturel on se fait avoir ?
RépondreEva - 16/01/2014

Je n’ai pu continuer mon message d’hier
Pour remettre les pieds dans le plat et pour conclure, votre concept: « Innocuité/efficacité/écologie » des actifs constitue à mes yeux une vraie éthique + la recherche de la sensorialité sur le produit fini, et met vos produits au-dessus des autres. Et vous faites bien de le dire, à ce moment-là oui, je risque d’avoir un excès de confiance… en vos produits! Bonne continuation
RépondreEva - 15/01/2014

Bonsoir et merci de votre réponse!
J’utilise plutôt l’Oléo silk pour « réparer les dégâts » Finis l’effet asséchant désagréable dû à l’alcool du protecteur de chaleur ainsi que l’effet paille sur les pointes. Et surtout, avec une petite dose quotidienne d’Oléo Silk je n’ai aucun besoin de repasser le fer à lisser durant la semaine, la coiffure tient parfaitement, ainsi que le volume et le mouvement, sans effet gras. Je fais moins souvent de shampoing clarifiant du coup. Une vraie révélation!
Par contre pas de miracle pour le cuir chevelu qui démange, l’autre point noir de ma routine étant le cetrimonium chloride du protecteur, ça vient forcément de là.
Et donc je n’aurai pas pensé à utiliser l’huile comme soin avant le lissage, je vais voir…ou alors j’attends patiemment la Crème lactée!
RépondreEva - 14/01/2014

Je suis arrivée sur votre blog parce que je cherchais ce qu’était le Décaprylil ether, eh oui je suis de celles qui scrutent anxieusement les étiquettes, à tort ou à raison d’ailleurs. Et du coup j’ai passé un super bon moment à parcourir tous vos articles. Mais je me reconnais particulièrement par ce que vous écrivez ici: je n’aime pas non plus l’odeur des huiles essentiels, oui mes crèmes sont toujours très difficiles à étaler alors je cherche je cherche, s' »ils » se mettent à interdire les esters -je crois que c’est cela c’est tout nouveau pour moi- je vais finir par abandonner le naturel!
Alors oui, il y a beaucoup à faire dans le domaine, mais c’est peut-être ce qui rend l’affaire et le débat passionnants
Je connais Denovo grâce à l’Oléosilk qu’on m’a offert et qui marche super bien sur mes cheveux, je ne savais pas qu’il y avait un blog car ça n’apparaît sur le site, en tout cas belle découverte de la journée, lecture très passionnante

Question subsidiaire: croyez-vous que c’est « formulable » un protecteur de chaleur naturel? ou je devrais apprendre à me passer définitivement de fer à lisser (ou à l’inverse du naturel hum).
Ou mieux, vous dites que vous vous lissez très occasionnellement les cheveux dans un autre article, qu’utilisez-vous comme protecteur?
Bonne route dans vos recherches, je suis de celles qui attendent le retour de la crème lactée!
Alice Roux - 15/01/2014

Bonsoir Eva et bienvenue par ici !

Je suis très heureuse que l’Oléo silk vous convienne ! Concernant le protecteur de chaleur au naturel, oui, il n’y a aucune raison qu’on ne puisse pas le formuler au naturel sans les ingrédients classiques de ce type de produit (quats, silicone et huiles minérales), mais je n’en ai encore jamais vu cependant…
Pour ma part, je me lisse les cheveux très occasionnellement, quand j’ai besoin de les couper par exemple, pour évaluer leur longueur réelle. Je n’apprécie pas particulièrement les cheveux lisses et quand je le fais, mes cheveux frisés me manquent très vite !
Je n’utilise pas de protecteur de chaleur quand il m’arrive de les lisser, mais la Crème lactée en toute petite quantité sur les longueurs et cela fonctionne très bien pour moi.
Vous dites que vous utilisez déjà l’Oléo silk, avez-vous essayé votre lissage juste après un bain d’huile d’Oléo silk sur les longueurs, lavé avec un seul shampoing ? Vous pourriez être surprise du résultat.

A très bientôt !
Votre commentaire a bien été posté, merci pour votre contribution !

 

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